VERS UNE DEFINITION DE L’EMOTION

Après des années de débats, les scientifiques sont arrivés à un consensus pour définir l’émotion : c’est un phénomène rapide, déclenché par un événement, qui engendre une réponse émotionnelle cohérente à plusieurs composantes.

David Sander

enfant:chevalUn anniversaire n’est pas seulement signe que le temps passe… C’est aussi, bien souvent, un événement chargé en émotions : fêter les dix ans de Cerveau & Psycho peut susciter joie, intérêt, fierté ou encore nostalgie. Pendant queCerveau & Psycho se développait, les connaissances sur l’émotion ont connu un essor remarquable. De fait, les « sciences affectives » et avec elles la recherche scientifique sur les émotions se sont considérablement développées durant cette décennie.

Les dernières découvertes ont renforcé certaines approches théoriques existantes et en ont produit de nouvelles. Il n’a jamais existé autant de laboratoires universitaires s’intéressant aux émotions et à leurs effets sur les comportements et les mécanismes cognitifs, tels que l’attention, la mémoire ou la prise de décision. Si la recherche actuelle en sciences affectives se fonde essentiellement sur les méthodes de la psychologie, des neurosciences, de la philosophie et de l’économie, d’autres disciplines, par exemple la sociologie, l’histoire ou la littérature, sont aussi importantes pour ces études. Aujourd’hui, l’émotion a un statut privilégié : elle est incontournable pour tout modèle qui s’intéresse à l’esprit et aux comportements.

L’émotion : phénomène dynamique et complexe

Qu’est-ce qu’une émotion ? Cette question n’est pas seulement une interrogation scientifique ; c’est aussi le titre de l’article théorique le plus célèbre sur l’émotion. En 1884, dans What is an emotion ?, le psychologue et philosophe américain William James a proposé une théorie de l’émotion dont l’influence a été considérable. Selon sa thèse, le ressenti d’une émotion intense correspond à la perception de modifications corporelles spécifiques. On retrouve cette approche dans de nombreuses théories actuelles : la réaction corporelle serait la cause et non la conséquence de l’émotion. La portée de cette théorie se mesure aux nombreux débats qu’elle suscite (et sur lesquels nous reviendrons), et illustre la difficulté de s’accorder sur une définition de ce phénomène dynamique et complexe que l’on nomme émotion.

Qui plus est, les émotions sont souvent décrites dans un cadre incluant d’autres phénomènes affectifs tels les sentiments, les préférences, les motivations, les humeurs, les passions, les styles affectifs, les désirs ou encore les pulsions. En général, ces phénomènes interagissent, de sorte qu’il est difficile d’en isoler certains, ici les émotions. Les différentes définitions ont souvent mis l’accent sur des aspects particuliers de l’émotion : la dimension subjective, les catégories de stimulus déclencheurs, les mécanismes physiologiques impliqués, les comportements produits, les effets adaptatifs ou encore tout ce qui perturbe les émotions.

Toutefois, malgré ces difficultés, une définition semble s’être imposée. En 2013, nous considérons que l’émotion est « un processus rapide, focalisé sur un événement et constitué de deux étapes : un mécanisme de déclenchement fondé sur la pertinence de l’événement (par exemple, l’événement est-il pertinent pour mes buts ?), et une réponse émotionnelle à plusieurs composantes (les tendances à l’action, les réactions du système nerveux autonome contrôlant par exemple le rythme cardiaque, les expressions et les sentiments) ». Une émotion est brève et est toujours déclenchée par un événement spécifique, mais, d’après cette définition, c’est aussi un phénomène dynamique qui présente de multiples composantes.

Même si la recherche sur l’émotion se caractérise par l’existence de nombreuses théories, parfois antagonistes, les scientifiques se sont mis d’accord sur un point ; une émotion présente cinq composantes : une expression (faciale, vocale ou encore posturale), une motivation (la tendance à l’action), une réaction corporelle, un sentiment et une…

Article écrit par David Sander et publié dans Cerveau et psycho