Mieux communiquer avec son enfant.:
Tendance Santé : Comment nous, parents, pouvons-nous faciliter la communication avec notre enfant ?
Harry Ifergan* : « J’ai un « petit truc » pour faciliter la communication avec son enfant, réguler son débit, et lui apprendre à sélectionner ce qu’il faut dire : au moment du coucher, après l’histoire du soir et le câlin, demander à l’enfant de raconter une chose positive qui s’est passée dans la journée (et pour laquelle on le félicitera) et une chose négative. L’important est de lui faire exprimer principalement ce point négatif. Cela permet au parent de dire à son enfant qu’il le comprend, qu’il l’entend et qu’il prendra le temps de discuter de ce qui le chagrine sur le moment ou le lendemain matin, si le sujet est complexe.
Cette petite astuce amènera également l’enfant à sélectionner une seule chose à dire parmi d’autres, de faire le tri, et de donc de définir des priorités. C’est le moyen de lui apprendre à choisir une option et surtout d’apprendre à renoncer aux autres. Car les enfants ne savent pas toujours renoncer. Cette expérience permet de comprendre qu’on ne peut pas tout avoir, que l’enfant n’est pas tout-puissant.
Enfin, l’avantage de ce conditionnement positif est que l’enfant, habitué depuis tout petit à ce rituel nocturne, aura souvent envie de le maintenir jusqu’à l’adolescence. Or, pour les parents, savoir que leur adolescent n’hésitera pas à se confier à eux lors d’épisodes négatifs est bien sûr plus rassurant. »
T.S. Par quels autres moyens peut-on aider un enfant à s’exprimer ? Harry Ifergan : « Un enfant a besoin d’exercer une activité sportive, qui permet une extériorisation psychique et physique avec des règles. Une activité culturelle, comme les arts plastiques, la danse ou le théâtre, offre la possibilité à l’enfant d’exprimer ce qu’il ne peut pas dire.
Une chose qu’un papa peut faire avec son fils : Organiser un rituel, chaque samedi ou un autre jour, au cours duquel ils joueront tous les deux à la « bagarre » pendant un temps limité, variable en fonction de l’âge de l’enfant. C’est un très bon moyen pour les petits garçons d’évacuer l’agressivité qu’ils ont envers leur père, dans un cadre limité, avec des règles (par exemple ne pas taper sur le visage ou dans le bas-ventre, le papa peut se battre à genoux, avec une seule main pour plus d’équité).
Il est également important de s’octroyer du temps avec son enfant, de façon rituelle. On doit donner du temps à chacun de nos enfants, en fonction de leurs besoins et des phases qu’ils traversent. Il faut être équitable mais pas forcément égalitaire.
Raconter une histoire le soir à ses enfants permet de se rapprocher d’eux et favorise le développement de leur imagination et de leur intelligence. Les pères qui rentrent tard, le soir, à la maison, peuvent se sentir frustrés de ce moment de complicité. Dans ce cas, dans un tiroir du bureau, vous pouvez garder en double trois ou quatre livres d’histoires que votre enfant aime. A l’heure d’aller au lit, téléphonez-lui et, à distance, lisez-lui la petite histoire de son choix. Il aura l’impression que vous êtes proche de lui par votre voix. Ce type d’astuce compense la communication de proximité qui n’est pas facile à maintenir lorsqu’on est loin de ses enfants.
T.S. Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire votre livre « Mieux comprendre votre enfant » ? Harry Ifergan : « Je constate que de plus en plus de personnes, adultes comme enfants, consultent un psychologue. Les consultations d’enfants chez le psychologue augmentent parce que les parents se posent des questions sur leur(s) enfant(s) et sur le bien-fondé de leurs méthodes d’éducation. Mais ils consultent parfois trop vite et trop souvent et ne font plus appel à leur bon sens ou à leur intuition.
Autrefois, on demandait l’aide du pédiatre ou des grands-parents. Aujourd’hui, les parents envahissent les cabinets de psychologues. J’ai écrit ce livre dans le but de montrer aux parents comment leur(s) enfant(s) fonctionne(nt). Il est nécessaire de connaître les processus de développement de l’enfant pour mieux comprendre comment il évolue. Le psychologue ne doit intervenir qu’en dernier recours. »
* Harry Ifergan a écrit le livre « Mieux comprendre votre enfant » (éd. Marabout)
Article publié dans http://www.femmes.orange.fr